Le potentiel de la graine
Guillaume Cochinaire
9 septembre - 6 octobre 2017
Guillaume Cochinaire rêve, imagine et voit en chaque élément qui fonde son quotidien, ou qu’il découvre, une source d’inspiration pour un projet. Il s’intéresse aux images acheiropoïètes, celles non faites par la main de l'homme. Un réseau de personnalités, théologiens, philosophes, scientifiques et artistes nourrit son univers créatif. Sa démarche artistique relève d’un goût permanent pour l’apprentissage du travail de la nature. Ces dernière années, au statut d'artiste-marbrier, il a cumulé celui d'artiste-fermier. Son jardin est sa source d’inspiration, le lieu où s’élabore sa pensée. Espaces de projets, sa grange et son jardin atelier à Bulgnéville l’amènent en permanence à imaginer de nouvelles constructions, plantations et limites. Perpétuel chercheur, joueur, observateur, Guillaume Cochinaire, au fur et à mesure « prend de la graine », construit son habitat idéal où l’homme, le végétal et l’animal vivent en harmonie. Pour lui, chaque élément de la nature et chaque œuvre sont comme des portes ouvertes à de futurs possibles.
Sa résidence à la galerie 379 lui a permis de continuer des recherches plastiques et théoriques. Entre Bulgnéville et Nancy, il a poursuivi la création de cinq œuvres. Celles-ci ont elles toute une histoire, la lecture d’un texte, l’observation d’un phénomène, un voyage. Elles incarnent chacune différents temporalités. De la terre au ciel, du sol au plafond, elles suggèrent la promesse de multiples transformations, toujours plus grandes.
L'échelle évoque une envolée, la possibilité de voir toujours plus haut, plus loin. Cette immense plume, figée dans son élan, fait rêver. Guillaume Cochinaire a pris soin d’assembler une par une des plumes et révèle ainsi le système géométrique interne des formes de la nature.
Hugin et Munin, une peinture-sculpture, évoque également l’ouverture vers un autre monde. Telle une icône, cette œuvre s'apparente à une porte, à un cadrage sur un paysage. Elle renvoie à la fois à la captation d'un instant et à un ciel en mouvement.
Guillaume Cochinaire a aussi profité de cette résidence pour poursuivre des petits et des grands voyages.
Le film d'animation Achiralité transporte le spectateur dans un tourbillon de fleurs colorées. L'artiste a parcouru la région Lorraine à la recherche d'une diversité de plantes à photographier. Ce film révèle la multitude et la similitude des formes géométriques des végétaux.
Le film Jouer au dé avec la mer, issu d’une performance réalisée sur une plage en Bretagne, exprime un va-et-vient d’interactions et de forces mutuelles entre l’homme et un milieu naturel. Cette œuvre fait notamment écho au hasard de la nature.
La barbe de nos pères / Lazare renvoie au poids des origines, à la filiation qui fonde le potentiel créatif. Elle suggère à la fois la fin d’une étape et un nouveau point de départ.
Ainsi, les œuvres de Guillaume Cochinaire interrogent les façons qu’ont les hommes d’habiter et de façonner leur paysage. Elles révèlent également les nombreuses similitudes formelles qu’on retrouve dans la nature. Son exposition invite à songer, à rêver, à penser à nous reconnecter avec le monde naturel.
Pauline Lisowski