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Chute libre, Céline Lastennet
du 9 au 26 février 2019

Céline Lastennet est attentive aux espaces urbains et aux éléments architecturaux pour leur complexité. Récemment, elle a développé une réflexion sur l’espace public du Grand Paris. Après une première étape d’observation à la sortie des stations de métro de la petite et grande couronne, elle a réalisé un catalogue photographique et des croquis qui identifient des compositions architectoniques horizontales et verticales de ces espaces. Ceux-ci témoignent de nouveaux repères et révèlent une impression de trouble de la perception de notre environnement quotidien. Les éléments qui composent la ville, structures, lumières, réseaux, inspirent également cette artiste à créer des pièces qui suggèrent à la fois un objet monumental, une architecture et proposent au spectateur de prendre conscience de son propre corps.

 

Sa rencontre avec un lieu, qu’elle cherche à comprendre et observe, l’amène à mettre en évidence ses lignes et en redessiner de nouvelles. Ses œuvres in situ s’insèrent sur des structures architecturales ou bien provoquent un moment de basculement, d’envol ou de chute au contact des éléments naturels. Celles-ci incitent à prendre le temps de percevoir l’environnement.

 

De son exploration des lignes qui marquent la ville, Céline Lastennet en développe d’autres. De plus, une tension entre des formes, des matériaux familiers et un étirement vers l’infini marquent les œuvres Tensions Parallèles, Forum et Andrône, entre autres. Elles proposent de multiples circulations et parcours qui évoquent des cheminements labyrinthiques. Si celles-ci appellent au voyage, à l’envie et à la possibilité d’accéder plus haut ou de plonger dans les profondeurs d’un espace, l’imagination de leur expérience physique nous ramène à la réalité. Les sculptures et installations, aux structures simples et visibles de l’artiste, renvoient à notre condition de verticalité sur terre par la gravité.

Excavation, tel un observatoire entre terre et ciel, appelle, elle, au rêve, au cosmos.

Ses œuvres suggèrent également la nature fragile des constructions humaines, à la fois ingénieuses et inquiétantes. De l’envol naît des sensations de pertes d’équilibre et de chutes.

 

Dans son attention aux formes architecturales, elle trouve dans la grille, un module que l’artiste emploie pour composer ses pièces, maquettes et œuvres à l’échelle de l’espace. Cet élément, qui ouvre et ferme à la fois, est symbole d’un passage qui à tout moment pourrait entraîner un basculement.

 

Ses sérigraphies, continuité de son processus de travail, présentent des jeux de transparence, qui appellent à la sensation d’une chute. Elles incarnent une suite de constructions qui ouvrent vers d’autres installations et mondes imaginaires. Les diverses couleurs choisies en fonction des matériaux des sculptures permettent de démultiplier les possibles et de s’éloigner d’autant plus de la réalité.

 

Pour accentuer le dialogue entre l’œuvre et son contexte, l’artiste installe ses pièces de petits formats sur des consoles ; un mobilier qui permet une plus grande proximité avec l’œuvre. De fait, ici, à différents niveaux, elles amènent le spectateur à se projeter dans un espace instable où se confondent les rapports d’échelle.

 

Ainsi, les œuvres de Céline Lastennet suggèrent la suspension d’un évènement en attente, une incertitude de ce qui pourrait arriver. Elles invitent à changer notre point de vue sur l’espace et conduisent à saisir la relation de notre corps à l’environnement qui nous entoure. Elles permettent de garder à l’esprit l’espoir de trouver une stabilité et un ancrage ou bien de voler et de se sentir léger. Ici, les limites entre intérieur et extérieur s’estompent ; ce qui conduit le visiteur à se sentir dans un monde entre-deux, en lévitation.

 

Pauline Lisowski

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