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Carte blanche à Valentina Canseco

Vitrine DD, Paris

du 13 au 18 mai 2019

Pour cette Carte Blanche, artiste et curator expérimentent ensemble les relations des œuvres à l’espace.
À partir des volumes de la vitrine DD, les œuvres se déploient pour faire corps avec l’architecture. L’artiste poursuit ici ses recherches sur la couleur et la lumière qui soulignent et intensifient le rapport à l’objet et à l’espace.

 

Valentina Canseco prête une attention particulière à certains objets et mobiliers du quotidien, ici la cagette et la bouée, et les dévoile sous plusieurs états, les décompose, pour donner à voir leurs diverses formes et les multiples possibilités qu’ils incarnent. L’artiste interroge la tridimensionnalité de l’objet par le dessin et la peinture. Ses œuvres fluorescentes créent des expériences optiques tandis que d’autres jouent sur le trouble des perceptions de matière, la cagette en bronze.

 

« Je privilégie les matières brutes, les formes archaïques, la ligne, le contraste et une simplicité dans le traitement pictural pour permettre une certaine radicalité dans mon propos. Le fluo m’est apparu en contrepoint du noir et blanc et l’utilisation du PMMA comme un oxymore du matériau dit pauvre. J’aime l’idée d’allier les contraires comme une fatalité, Eros et Thanatos. »

 

Sa peinture Matrice apparait comme une fenêtre qui ouvre vers d’autres trajectoires possibles de l’espace. Les rayonnements colorés qui en émanent captivent et hypnotisent le regard du spectateur. Nichée, derrière elle, des lignes de néons diffusent une lumière pour dessiner la cagette.

 

« Je dessine la matrice avec la lumière, derrière la porte, son squelette, ce qu’il reste d’elle, son « âme », la lumière porte en elle une certaine spiritualité, j’aime l’idée de redonner la vie à ce qui est déchu. »

 

Des formes en PMMA de diverses couleurs épousent les recoins, à différents niveaux, les structurent, et rythment le déplacement du regard. Dessins dans l’espace, ces éléments donnent une impression de vie, de basculement et de légèreté. Ces pièces suggèrent des présences comme des organismes qui pourraient se mouvoir et se reformer en se posant du sol au plafond. Ces figures minimales et géométriques colorées semblent sortir de la toile pour matérialiser une nouvelle atmosphère légère et ludique, comme une respiration. Mais selon où l’on se place, la solennité et la sobriété reprend sa place pour offrir au regard un repos et un temps de réflexion sur la notion d’architecture et d’auto construction.

 

Un grand dessin Construction 4 se comporte comme ces formes. Il présente une démultiplication de la cagette, faisant naitre des horizons ou paysages utopiques imaginaires dans lesquels chacun peut projeter sa propre histoire. Elles disparaissent presque, en chutant, et rappellent les habitations précaires, un effondrement possible.

 

Valentina Canseco joue sur le trouble des apparences. Au sol la sculpture Paysage recyclé 5 ressemble à un objet brut. En s’approchant, le véritable matériau se révèle, le bronze. La contempler nous conduit à prêter attention aux objets qui deviennent précieux par le regard et l’usage qu’on leur porte. Cette œuvre est à la fois indice, point de départ ou fin du déploiement des formes.

 

L’artiste crée des relations entre la finesse du papier et la solidité d’autres supports, entre vide et plein, fixité et instabilité. En circulant le visiteur est incité à reconstruire mentalement des paysages personnels. Cette exposition propose une multitude de points de vue. La transformation de l’objet en structures et en trames converge vers une multiplicité d’espaces, ouverture à l’imaginaire d’une infinité de possibles transformations.

 

 

Pauline Lisowski

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